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Bien-être Holistique

Vivre l’automne en conscience : prendre soin de soi et se délester du superflu

Le bruit des feuilles crisse sous nos semelles, les paysages se poudrent d’or et de safran, le vent est vif, une odeur d’humus imprègne les forêts, la brume matinale traine dans les champs et la nuit nous couvre de plus en plus, nous offrant cette merveilleuse opportunité de rejoindre le repos en nous, de séjourner dans nos profondeurs et d’entrevoir dans le contraste de ce clair-obscur, l’intensité de notre petite flamme intérieure.

l’automne

L’automne est une saison inspirante pour l’artiste et le romantique, et pour cause, elle touche en nous ce qu’il y a de plus mélancolique. Saison de l’air et du subtil, l’invisible nous appelle et nous palpe presque. Nous honorons nos défunts, ravivant la mémoire de notre lignée et de nos racines.

Ce retour à la source est commun à toute vie de l’hémisphère nord. Le repos, le calme, la quiétude des fonds apaisés…laissons le brouhaha de la vie superficielle et de ses vagues s’éteindre. L’observation silencieuse des mouvements de la nature nous guidera vers ce repli providentiel, oublié de nos civilisations modernes agitées et ambitieuses.

Comme toujours, les médecines ancestrales et les sciences de l’énergie ont traversé les siècles pour nous éclairer. Dans cet article, médecine énergétique chinoise et ayurveda discutent ensemble autour de l’automne en conscience.

Comment vivre le plein potentiel de cette saison selon les médecines traditionnelles ? Loin de prétendre à une quelconque exhaustivité, actualisons quelques principes millénaires dans notre quotidien pour mieux vivre cette saison souvent incomprise, parfois redoutée.

Tour d’horizon des déséquilibres du corps et de l’esprit liés à l’automne

Avec l’automne, nous entrons dans une période considérée en Ayurveda comme propice à l’excès de Vata. Rappelons-le, Vata est une des trois humeurs présentes dans le corps humain. Il est composé d’air et d’éther et dirige le mouvement dans le corps. C’est une énergie très subtile, qui conduit le prana, ou énergie vitale dans les nadis, les canaux de circulation de l’énergie. Cependant, en excès, comme c’est souvent le cas en automne, cette humeur amène sècheresse, agitation, refroidissement et épuisement.

Notons quelques symptômes physiques et psychiques typiques de l’entrée dans l’automne : ballonnements, pertes d’appétit, desséchement de la peau et des muqueuses, allergies dermatologiques, névrodermites, baisse des défenses immunitaires avec apparition de troubles liés à la respiration (bronchite, asthme, essoufflements, toux), constipation, douleurs au ventre et aux articulations, perte d’équilibre, sensations de vertiges.

Mais l’entrée dans l’automne peut aussi déséquilibrer l’esprit avec l’apparition d’insomnies, une agitation mentale avec un emballement de la pensée discursive, de la déprime, de la tristesse, des pleurs, un chagrin inexpliqué, un attachement démesuré au passé et de l’anxiété. « Les températures baissent et mon cœur gonfle, je me sens seule, mélancolique. Je ressens avec un nostalgie douloureuse la mort de l’été et de mes souvenirs ensoleillés, plein de joie et de gaieté » confie Julie, graphiste près d’Aix-en-Provence. Pour certaines personnes, c’est même le retour des angoisses qui prédomine à cette période de l’année.

Regardons un peu plus à l’Est, avec la médecine chinoise. L’automne est la saison du wei-Qi, l’énergie de protection et de défense du corps. Cette énergie se présente comme un bouclier de protection qui nous entoure et nous protège à la fois au niveau immunitaire mais également dans notre vie quotidienne. La multiplication des accidents et des agressions est un indicateur de la faiblesse du wei-Qi d’un individu car celui-ci est mal protégé contre l’aléatoire infortune de l’existence.

Cette énergie est reliée aux poumons et au gros intestin selon la médecine traditionnelle chinoise. Quand une faiblesse ou un déséquilibre s’installe à ce niveau de l’alchimie interne, alors le Qi protecteur diminue et le bouclier devient perméable aux virus, microbes, insultes, pensées négatives et mouvements énergétiques extérieurs déstabilisants.

Grâce à cette compréhension holistique, des préconisations nous viennent d’un autre temps, pour remettre de l’équilibre, de l’harmonie et de l’énergie là où semblent s’installer l’inquiétude, l’anxiété et la fatigue.

Quelle routine quotidienne pour réguler ces déséquilibres et vivre l’automne au top de sa forme ?

En automne, adapter son alimentation : un bol alimentaire chaud, consistant et humide. L’Ayurveda préconise de manger et boire chaud dès le matin. Outre la chaleur des aliments, il est recommandé de consommer des aliments plus denses et plus humides sans tomber dans l’excès. On pense notamment aux soupes de légumes faites maison, au riz complet, au sarrasin, aux plats de légumes de saisons cuits de préférences à l’eau ou à la vapeur pour qu’ils conservent leur humidité.

Le matin, préférez un porridge ou une bouillie de céréales cuisinées avec du lait d’avoine ou du lait d’amandes. Accompagnez ce met d’un thé tchai (voir recette) ou d’une infusion de gingembre. Essayez aussi le lait d’or à base de gingembre, de curcuma et de poivre (voir la recette).

On laisse tomber les régimes maigres… Il nous faut du gras ! Durant toute la saison venteuse et froide, il est possible de rajouter un peu plus de matière grasse dans les préparations, particulièrement si vous ne souffrez pas de cholestérol. Une petite cuillère d’huile d’olive en plus dans la soupe ou une noisette de beurre clarifié (ghee) dans votre porridge du matin, aidera à maintenir une bonne lubrification de votre corps.

Les frileux, on ne vous oublie pas ! Pensez à ajouter une pincée d’épices dans votre plat et dans vos boissons. Votre feu digestif n’en sera que plus performant et vous favorisez la thermogénèse en aidant à la production de chaleur et à la circulation de l’énergie. Attention néanmoins à ne pas manger pimenté (préférez des épices douces) car l’intestin est un organe particulièrement sensible en automne et le piment lui est défavorable car irritant.

La diététique chinoise vous recommande de ne jamais sortir sans votre mug ! Il est très bénéfique de boire chaud tout au long de la journée en automne et en hiver. Cette pratique est bienfaisante pour les organes respiratoires car la chaleur se diffuse dans la gorge et favorise le réchauffement des poumons.

Les chinois associent à l’automne la couleur blanche. Elle ferait référence à cette douce humidité qui embrasse le flan des montagnes au soleil levant. Visualiser cette vapeur d’eau qui s’élève des forêts, dans vos poumons, aiderait à les maintenir en bonne santé. Pensez aussi à faire des inhalations régulièrement, de manière préventive.

Du côté cuisine, le goût piquant est un rééquilibrant de l’énergie des poumons toujours selon la médecine chinoise, qui recommande de manger des légumes et des aliments blancs d’une part – chou-fleur, pomme, riz, œufs, blancs de poireaux etc, et d’autre part avec un goût piquant comme le gingembre, le radis légèrement cuit, le raifort, le céleri ou les salsifis. Tous les plats peuvent être agrémentés d’épices, de gingembre ou de moutarde, toujours en quantités raisonnables.

En automne, oubliez vos habitudes estivales ! Fini les salades (surtout le soir), les grandes assiettes de de crudités, le fromage, les aliments légers comme les chips, les plats froids, les farines blanches et le sucre.

Vous êtes enrhumé ou avez un virus qui atteint votre sphère respiratoire ? Voici une idée de repas qui vous aidera à guérir. Quelques radis coupés dans la longueur et revenus 5 minutes dans une poêle huilée, un bol de riz complet accompagné de poireaux et oignons cuits à la vapeur puis assaisonné d’un peu d’huile, de quelques dés de gingembre et d’une pincée d’épices, un bol de bouillon de votre eau de cuisson des poireaux avec une cuillère à café de miso diluée. Accompagnez d’un œuf dur si besoin. Dégustez des infusions de thym 3 fois par jour. Une recette à renouveler pour accompagner votre guérison.

Revenir à son corps : auto-massage, méditation, repos et tricot !

Nous ne parlons pas ici du faux repos, celui passé à vérifier vos notifications Facebook ou à regarder le dernier épisode de votre série Netflix préférée ! Non, nous parlons bien d’un vrai repos pour le corps, mais aussi pour l’esprit, une diète du numérique. Un vrai repos n’est pas celui passé devant la télévision ou son ordinateur car ces activités excitent le cerveau préfrontal, celui qui est à l’origine d’un excès d’activité mentale. Cette énergie se perd et amoindrie nos capacités intuitives à s’adapter aux changements de saisons, à comprendre la Nature et notre corps. Il est grand temps de vous offrir un bon livre !

En automne, on adopte le Hygge, un concept scandinave de moments chaleureux passés ensemble au chaud chez soi. La recette du bonheur selon nos amis du grand Nord. Vous pouvez aussi écouter des mantras et allumer une bougie, cela apaisera votre intérieur.

Mais surtout, revenez au corps pour vous enraciner dans l’instant présent !

Les activités corporelles constituent des moments de repos bien plus bénéfiques : cooconing, auto-massages à l’huile chaude, étirements, postures de yoga apaisantes comme la posture de l’enfant, Qi Gong, méditation sans but ni profit (celle qui ne mobilise pas le mental)… Ouvrez-vous également aux activités manuelles ou de création qui vont vous aider à revenir à vous-même, dans l’instant présent. Quel meilleur moment que l’entrée dans l’automne pour se mettre au tricot ou au patchwork ?

Accordez vous un moment pour vous envelopper d’une grosse laine ou d’un plaid bien chaud – celui-là même que vous aurez tricoté, et méditez en laissant votre mental au repos. Revenez en vous même, à votre essence.

Dormez !

Allongez la durée de vos nuits d’une heure afin de permettre au corps de suivre le rythme naturel du ralentissement et d’économie d’énergie en harmonie avec la saison. Le sommeil ressource les poumons et renforce considérablement le système immunitaire. Selon le cycle énergétique chinois, l’énergie du poumon est à son paroxysme entre 3 et 5 heures. Il est d’ailleurs dit que les réveils nocturnes à ces alentours sont en lien avec une tristesse non formulée, des regrets inavoués, la nostalgie du passé ou un deuil non abouti. Ces émotions cristallisées ont besoin d’être regardées, verbalisées et évacuées. Seulement après, l’énergie se remet à circuler.

Par ailleurs, lorsque les poumons manquent d’énergie, nous avons tendance à nous voûter, à respirer de manière superficielle, à contracter les épaules, les trapèzes. Certaines postures de yoga qui permettent d’amplifier la respiration, d’ouvrir le thorax et d’étirer toute la zone respiratoire sont bénéfiques.

Le fameux blues de l’automne : mythe ou réalité ?

Ne soyez pas trop durs avec vous-même si vous affichez une mine triste et fatiguée. Sur un plan émotionnel, l’automne entre en résonnance avec les sentiments de chagrin et de tristesse et nous permet ainsi de les mettre en conscience. Si la fuite est préférée à l’accueil de ces émotions, alors nous pourrions bien voir notre déprime de l’automne se transformer en véritable dépression au creux de l’hiver.

L’énergétique chinoise précise que l’automne exacerbe le manque de volonté et de détermination, mais également nos angoisses et peurs viscérales, celles qui sont coincées dans nos intestins et que nous ne parvenons pas à surmonter.

Soyez courageux, vous retrouvez face à ces émotions est une opportunité de les apprivoiser, de les accueillir et pourquoi pas de les intégrer en vous. En effet, une émotion est toujours plus douloureuse et inconfortable lorsqu’elle est rejetée, séparée de nous. L’émotion diminue d’intensité lorsque nous ne la craignons plus. Elle est une invitée dans notre salon intérieur, et bien que désagréable, lui accorder sa place nous aide à entendre son message. Une fois délivrée de cette mission, elle n’a plus raison d’exister et finit par se dissoudre. Pour cela, la pratique de la méditation peut grandement vous aider.

Lorsque nous entrons en harmonie avec l’automne, laissant s’exprimer les émotions, conscientisant les mémoires et non-dits qui se cachent derrière, alors c’est un sentiment de plénitude et de satisfaction propre à cette saison qui s’installe progressivement. Le plaisir de vivre à travers l’expérience du corps physique prédomine sur la douleur et la maladie, il devient aisé de lâcher-prise.

En automne, on laisse partir ce qui n’est plus, dans la douceur, et on se détend

Qu’il s’agisse de la végétation ou des énergies, tout est emmené dans le grand circuit de la transformation alchimique pour renaitre différemment au printemps. La nature nous l’enseigne, tout est impermanent.

Accompagnez le mouvement et triez en vous et autour de vous !Laissez tomber des schémas de fonctionnements désuets, laissez-les se dessécher sans les alimenter et les voir disparaitre. Adoptez un repli salvateur et regardez votre intérieur afin d’y faire un tri, de ne garder que les graines que vous voulez voir éclore au printemps prochain pour composer un nouveau jardin intérieur.

Laissez partir les amours et les amis avec lesquels vous ne vibrez plus. Ne vous accrochez pas à des fantasmes, des idéaux, des espoirs… ils conduisent bien souvent à une déconvenue. Regardez avec courage et puissance tout ce qui n’est plus aligné avec vous, mais que vous entretenez par peur ou par dépendance et laissez cela s’éteindre, mourir doucement.

La symbolique de l’automne est belle pour celles et ceux qui ne craignent pas de voir certaines choses disparaître, de connaître des petites morts intérieures. Après l’effusion d’énergie du printemps et de l’été, certaines parties de nous doivent se reposer, et d’autres, se recycler, muter. Ces petites morts ne sont pas des fins en soi mais des transformations, des périodes de transition d’un état d’être à un autre.

La respiration abdominale : LA pratique de l’automne

Que ce soit en yoga, en Qi gong, en énergétique chinoise, toutes les pratiques automnales convergent vers un point, respirer profondément ! Le diaphragme est le lien entre les poumons et le gros intestin, deux organes du lâcher-prise par excellence. Tous deux évacuent les déchets et les tensions. Organes clés de l’automne, toute notre attention doit s’orienter vers eux.

Ainsi, allongez-vous sur le dos, couvrez-vous, vos membres sont détendus, le corps est lourd, et les yeux sont fermés. Commencez par inspirer paisiblement par le nez deux ou trois fois jusqu’à sentir cette tension, cette résistance sous les côtes. Votre diaphragme est plein de retenue… Réalisez que (pour beaucoup d’entre-nous) la communication entre le haut et le bas de votre corps n’est pas harmonieuse. Comprenez que vous êtes bien trop dans votre tête, et que l’énergie ne circule pas bien en dessous de votre nombril.

Alors posez votre conscience dans votre bas-ventre et inspirez profondément jusque dans votre bassin. Sentez votre bas-ventre se gonfler puis se dégonfler. Peut-être entendrez-vous votre intestin se détendre. Ressentez vos poumons s’étaler dans votre cage thoracique, votre dos s’aplatir sur votre tapis, l’ensemble de votre buste et de votre ventre se dilate. Vous créez de l’espace en vous. Puis, au point culminant, toujours plus profond, de votre inspiration, lâchez tout, laissez l’air sortir librement et accompagnez la fin du mouvement avec une légère contraction des abdominaux. Et reprenez votre souffle.

Ce cycle de respiration peut être effectué autant de fois que nécessaire. Mais pour être efficace, il doit être intégré à des pauses tout au long de la journée. Le matin au réveil dans votre lit, le midi avant de déjeuner, en rentrant chez vous après la pratique des asanas et dans votre lit avant de dormir. Vous pouvez pratiquer le restaurative ou le yin yoga qui sont doux et régénérants.

L’automne en conscience : une histoire de Nature

Vivre les saisons en conscience ne revient finalement qu’à suivre le mouvement de la Nature, celui des animaux sauvages, des arbres, des plantes et des cours d’eau. Promenez-vous dans les forêts, les parcs et observez comme tout est parfaitement organisé, comme tout trouve sa juste place. Observez cette lente expiration qui amène au silence, celui qui précède l’inspiration, celui de toutes les possibles, celui dont la fertilité fait croitre les plus somptueux jardins de printemps. Avec cette expiration de mère Nature, il nous est donné de comprendre bien des mécanismes de fonctionnement et de s’ouvrir à des potentiels intérieurs.

Touchez la terre d’une forêt et vous y verrez tous les automnes qu’elle a connu. Toute cette végétation qui s’est transformée en humus fertile, permettant à de jeunes pousses de croitre. C’est ça l’automne, c’est s’harmoniser à cette Nature, en laissant partir ce qui doit partir, avec tendresse et douceur.

Namaste !

Avec la précieuse contribution de Sahra Leclerc

Pour en savoir plus pour libérer le diaphragme :

Comment respirer pour débloquer le diaphragme

Pour en savoir plus sur le pranayama :

Pranayama, ou le souffle cosmique

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