Le numéro de Mars-Avril est actuellement disponible !
Le numéro de janvier-février est actuellement disponible !

Lifestyle & Spiritualité

“Depuis des temps très anciens, le féminin occupait une place primordiale”, rencontre avec Brooke Medicine Eagle

Elle transmet un message issu des profondeurs des âges. Brooke Medicine Eagle a grandi dans une réserve Crow du Montana. Cette visionnaire et thérapeute rayonnante préfère les visions aux théories, le silence d’où jaillissent des vérités plutôt que les mots ou les concepts. Elle partage aujourd’hui ses connaissances spirituelles grâce à des cercles de femmes à travers le monde. Elle était la semaine dernière à Paris.

Propos recueillis par Céline Chadelat

Esprit Yoga : Quel est le rôle des femmes pour les temps à venir ?

Brooke Eagle  : Il est important de revenir aux grands cycles du temps. Depuis des temps très anciens, à travers toutes les traditions, le féminin occupait une place primordiale. Les premiers symboles étaient féminins. La connexion à la Terre était naturelle. Elle s’incarnait à travers la capacité à donner la vie. Il y a environ 5000 ans, des sociétés guerrières qui vouaient un culte au soleil sont apparus et sont venus éradiquer ce féminin, marquant l’entrée dans une ère très masculine. Mais il s’agissait d’un masculin dégradé, déviant, destructeur, déconnecté de la vie de famille, rationnel au contraire du masculin beau et noble, qui protège. La dimension féminine de la vie a été détruite. A cause de l’abus de cet aspect masculin déviant, on a perdu ce côté protecteur du Vivant. Parce qu’on a abandonné cette dimension de la vie, on n’a plus laissé les femmes mûres et responsables en charge des transmissions.  Nous arrivons à la limite de l’extinction de l’humanité.

EY : Pourquoi êtes-vous en France aujourd’hui ?

BE : C’est à cette génération de changer les choses. Nous devons apprendre à protéger la Terre et à la régénérer. Les Anciens disent qu’on arrive proches du point de bascule. Pour rétablir cet équilibre, il faut que le côté féminin, que ce soit chez l’homme ou chez la femme, s’éveille et s’équilibre. Il s’agit de donner vie à des inspirations.

En 1993, les grands-pères ont passé le relais aux femmes. Nous vivons un temps nouveau qui est celui de la femme. Au début de mes quêtes de vision, qui se déroulent dans l’isolement, sans manger ni boire pendant plusieurs jours, mes visions étaient exclusivement que féminines. J’ai vu un halo lumineux derrière une montagne et des grands-mères en descendaient provenant des traditions du monde entier. Il est clair que l’heure est venue pour les femmes de s’engager pour le monde. D’après les anciens, c’est cette génération qui va changer les choses. Nous sommes à un point de bascule, soit nous vivrons une extinction totale, soit nous changeons. Il s’agit de ré équilibrer le côté féminin et masculin en chacun de nous, femme ou homme, qui, pour ces derniers, doivent suivre une voie plus féminine.

EY : Qu’est-ce qui caractérise le féminin ?

BE : De donner la vie, la créativité, nourrir et régénérer. Ce qui va faire la différence est l’intelligence du cœur. Actuellement l’énergie hors-contrôle du masculin provoque les abus sexuels, les viols, l’avidité. Un bon chef est celui qui est certes dans l’action et est puissant mais qui protège et est au service des autres. Les hommes de pouvoir à l’heure actuelle ne sont plus intéressés par leur peuple ni en connexion avec la Terre mais par leur intérêt financier ou leur pouvoir. Nous-mêmes les femmes portons ces caractères en excès. Au lieu d’honorer nos lunes, on se dit qu’on doit être productive. On prend même des pilules pour arrêter les règles. Quand les femmes apprécieront la beauté de leur corps et l’honorerons à sa valeur alors le travail commencera vraiment, il s’agit d’abord d’un travail intérieur.

EY : Quelle est l’importance des menstruations ?

BE : Le cycle menstruel des femmes est connecté avec celui de la lune. Dans nos tribus, les femmes se réunissaient pour faire silence entre elles. Quatre jours par moi, elles se ressourçaient entre elles et appelaient les visions. Actuellement, les femmes sont stressées et cela leur fait du mal : les problèmes de santé en témoignent. Aussi, cette reconnexion est importante pour le monde. Une femme qui a ses règles est connectée à la Grande Mère. De nombreuses traditions décrivent une grande matrice sombre, telle un trou noir, où toutes les possibilités reposaient à l’état latent. Chaque femme, à travers son utérus, représente un microcosme de cette grande matrice. A partir de rien, nous pouvons créer. L’utérus est un portail à travers lequel la créativité arrive. En faisant silence pendant les règles, la femme permet que l’essence de la vérité de la vie se révèle à travers elle. Cela permet d’apporter des réponses profondes au contraire des réponses qui viennent de l’intellect.

Les femmes étaient alors capables de faire surgir des solutions adéquates afin que le masculin les mette en place et les manifeste. Ces femmes étaient des prêtresses dans leur vie de tous les jours, à la fois spirituelles, profondes, clairvoyantes et ancrées dans leur vie quotidienne. La spiritualité était incarnée dans l’action. Les femmes détiennent cette capacité de développer des visions pendant toute la durée des cycles menstruelles, soit entre 30 et 40 ans. Durant une Moon Lodge, les femmes voyaient que l’hiver serait rigoureux la communauté prenait alors des mesures pour le prévenir. La communauté était présente pour soutenir énergétiquement ces femmes qui étaient en connexion avec la grande sagesse. Ils savaient que c’était elles qui étaient à la source des solutions.

Par exemple, les pesticides est une réponse de court terme dangereuse qui n’est pas connectée à la réalité. Il nous faut se réapproprier ce pouvoir féminin. Le changement ne viendra pas des hommes. Les solutions ne viennent pas du mental ni de l’intellect. Les solutions naitront de l’amour, du « care » qui consiste à prendre soin et qui repose sur une vision durable de la vie.

EY : Qui était Dawn Star, cet être hautement évolué que vous évoquez dans votre livre et qui aurait enseigné aux peuples primordiaux d’Amérique du Nord et du Sud ?

BE : Il y a sans doute 2000 ans, un grand enseignant est venu nous voir. Il enseignait l’amour des autres et de la vie autour de nous. Il proposait d’aller vers une souveraineté individuelle, ce n’était pas un prêtre. Les anciens disent qu’il apporta l’étoile à huit branches, qui symbolise la planète Vénus, l’amour. Ce symbole marqua aussi le début de l’ère du poisson.

 

Son livre

« Marcher sur le chemin sacré de la femme bison blanc », Ed. Trédaniel, 2016, Brooke Medicine Eagle.

Sur le même sujet

Rendez-vous dans notre boutique,Et abonnez vous !

Actualités
En kiosque
Newsletter
Suivez-nous