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Lifestyle & Spiritualité

Tradition du yoga : comment transmettre la sagesse des textes ?

Est-il souhaitable d’évoquer les textes anciens et la tradition indienne pendant les cours de yoga ? Comment s’y prendre pour, qu’à partir d’une pratique, émane une sagesse ?

Par Anne Ulpat 

Aujourd’hui, le yoga est surtout enseigné sous la forme de cours collectifs. De nombreux pratiquants y viennent car ils ont envie de détente profonde, d’une activité physique respectueuse du corps, d’un temps pour soi qui permette de s’extraire de rythmes professionnels et familiaux intenses et parfois épuisants. Reste que cette discipline ancestrale, douée d’une rare plasticité à voir la façon dont elle s’adapte à chaque époque, ne peut se résumer à des exercices corporels ou à une technique anti-stress. Elle est encore aujourd’hui « une sagesse qui s’incarne dans une expérience consciente du corps », comme l’écrivait Ysé Tardan-Masquelier, historienne des religions et spécialiste de l’hindouisme, dans son ouvrage L’Esprit du yoga. D’autres parlent d’une école philosophique, d’une voie de transformation, d’une spiritualité aussi. Mais, dans un cours collectif, il est surtout question d’asanas et de respiration. Des pratiques qui laissent parfois entrevoir quelque chose de la philosophie du yoga sans aller plus avant. L’esprit du yoga est suggéré, distillé, comme un parfum…

La question se pose donc à de nombreux enseignants : faut-il évoquer les textes anciens ? Replacer le yoga dans son contexte historique et culturel ? Tricoter la pratique des postures en référence aux valeurs qui sous-tendent le yoga et à la tradition dont il est issu ? Ce qui reviendrait, notamment, à évoquer ou étudier des textes profonds et parfois ardus tels que les Yoga Sutras de Patanjali, la Bhagavad Gita, la Hatha Yoga Pradipika, la Gheranda Samhita, et encore quelques Upanishads… Il n’est pas sûr que le « format » des cours tels qu’ils sont proposés aujourd’hui le permette. « Il est essentiel que les enseignants gardent à l’esprit que le yoga n’est pas qu’une gymnastique de bien-être, qu’il s’agit aussi d’une philosophie », souligne Liliane Cattalano, pratiquante de yoga et spécialiste de l’hindouisme qu’elle enseigne notamment à l’Ecole Française de Yoga (EFY) à Paris. « Cette dimension s’oublie vite, et c’est dommage car cela appauvrit considérablement le propos. À contrario, les personnes ne vont pas à un cours hebdomadaire pour apprendre la Baghavad Gita… Il revient donc à chaque enseignant de faire en fonction de sa formation et de sa sensibilité. Il faut sans doute y aller petit à petit, afin que les élèves sentent qu’ils ne sont pas là uniquement pour soulager leurs maux de dos, même si cette demande est juste. Ce peut être seulement une phrase qui fasse le lien avec la pratique… »

Dans les salles de cours, en tout cas, les manières de s’y prendre sont très diverses. « Pour moi, il n’y a pas la place, même dans un cours de 3 h », estime Joachim, enseignant. « Dans mes cours, je propose régulière- ment un peu de lecture, d’interprétation et de mise en pratique dans l’intention de la séance », explique en revanche Corinne. Katia, quant à elle, fait au « feeling » : « cela dépend des élèves et du groupe. Certains sont prêts à recevoir, d’autres non ». Plusieurs enseignants y vont comme elle à l’instinct, en fonction de ce qu’ils ressentent de la demande et de la disponibilité des élèves. « Parfois je lis un court extrait lors d’une relaxation intermédiaire puis je laisse le livre à disposition à la fin du cours », précise Catherine. Denis, lui, suit un protocole qui lui permet d’entrer dans la profondeur des textes : « il existe une technique qui consiste à lire un sloka (une strophe), puis on fait une pause de 15 sec. On relit le sloka et on s’arrête quelques minutes, pour laisser la phrase mûrir en nous ». L’enseignant livre ensuite les clés nécessaires à la compréhension du texte. Puis vient la pratique afin « de mettre en vie ce texte ». Selon Denis, « le texte donne des axes, et la pratique, en accointance avec le texte, apporte la compréhension sans mots du texte ».

Evidemment, transmettre la quintessence de la philoso- phie du yoga nécessite de l’avoir étudiée longuement, aux côtés de spécialistes, tant les écrits sont complexes et objets d’une multitude d’interprétations et de pos- sibles contre-sens. Pour Delphine, il faut les avoir étu- diés, commentés… ou bien s’abstenir ! Les écoles de formation ont là un rôle évident à jouer.

Pour Christian Pisano, enseignant et formateur en yoga Iyengar, « les textes anciens se lisent, se posent, s’approfondissent et les cours de ville n’offrent souvent pas le temps nécessaire pour faire ce travail. S’il a intégré quelque chose, l’enseignant le fera passer à ses élèves, en symbiose. Comme la musique, le yoga enseigne une théorie active en quelque sorte ». Il faudrait donc surtout fréquenter les textes ? « L’idéal serait que l’enseignant se fréquente d’abord lui-même, reprend Christian Pisano, puis qu’il se tourne vers les textes à partir de ses interrogations personnelles. On enseigne à partir de ce que l’on est ». 

Retrouvez la suite de l’article dans le numéro 46 du magazine Esprit Yoga. 

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