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Pratique du Yoga

Interview de Céline Antoine: “Si tu ne sais pas dire avec des mots ce que tu vas faire avec tes mains, ce sera ressenti par ton élève”

Céline Antoine est professeure, formatrice de yoga à New-York et créatrice de la chaîne de yoga “Arrêt sur Asana” sur Vimeo. Elle nous raconte sa vision et sa pédagogie.

Par Céline Chadelat

Comment as-tu découvert le yoga ?

Je suis arrivée à New York en 2000 et j’ai suivi quelques cours sans que cela ne m’interpelle. Puis, en 2003, mon mari et moi avons fait un voyage en Asie du Sud Est pendant huit mois. A chaque pays, nous avions l’idée de découvrir quelque chose de spécifique. En Inde, ce fut le yoga, nous avons suivi des cours de yoga et de méditation à Rishikesh … C’est ainsi que j’ai découvert la philosophie du yoga.

Qu’as-tu aimé ?

Je suis tombée amoureuse du yoga. Ce qui est exceptionnel en Inde, ce sont les différentes branches, la méditation, la philosophie … Cette discipline qui prend en compte le corps, le cœur et l’esprit m’a fascinée. De retour à New-York, j’ai pratiqué de façon soutenue mais la philosophie me manquait, le yoga aux Etats-Unis est orienté vers le corps. Je suis donc revenue en Inde deux ans après pour m’y former.

A cette époque, avais-tu déjà la perspective d’enseigner ?

A l’époque, j’étais pigiste pour une télé, LUXE TV. En Inde ou à New-York, mon objectif était toujours d’approfondir ma pratique, jamais je n’ai voulu enseigner de ma vie. Je travaillais de manière rapprochée avec l’école de yoga, Yoga Works. Un jour, mon mentor m’a demandé « Pourquoi tu ne te lances pas ? ». En Inde aussi, on m’avait dit que je serai une bonne professeure. Les opportunités ont continué d’affluer. Je me suis alors posée la question du choix, entre enseigner le yoga et poursuivre mon job à la télévision. J’ai choisi l’enseignement du yoga ; comme Yogaworks proposait des formations bien construites, c’est celle ci que j’ai choisie pour me former apres ma formation en Inde. Et quelques annees plus tard, je suis aussi devenue formatrice pour Yogaworks et j’enseigne leurs formations de professeurs au niveau des 200 heures et 300 heures aux USA et a Strasbourg.

Est-ce une barrière d’enseigner en anglais ?

Quand je suis arrivée à New-York je ne parlais pas anglais. J’ai appris. Lors de mes formations de yoga, à ce moment j’étais à New-York, la langue ne m’a pas posé de problèmes.

“De nombreuses personnes pratiquent chez elles devant l’ordinateur” 

Comment se portent les studios new-yorkais ?

Les réseaux comme Pure Yoga, Yoga Works s’en sortent, mais c’est compliqué pour un studio de quartier. Les loyers sont tellement élevés, ils ne cessent d’augmenter. Depuis quatre ans, dans des quartiers bourgeois aisés comme Soho, l’Upper East Side, des magasins ferment, des boutiques se vident. C’est dommage, car ces studios créent des communautés où les gens se parlent vraiment. Un autre élément qui explique les difficultés des studios de quartier est qu’ici, la mentalité d’acheter en ligne est très ancrée. De nombreuses personnes pratiquent chez elles devant l’ordinateur, Une différence avec la France où nous sommes moins portés sur l’exercice physique. Cette culture n’est pas répandue, le fait de se discipliner pour chercher un programme est plus compliqué pour un Français. Aux Etats-Unis, si les gens n’ont pas l’occasion d’aller prendre un cours, ils ont le réflexe immédiat de chercher sur Internet – certains sites sont très bien faits comme Yoga Glow, Yoga U online. En sortant des grandes villes, le marché yoga sur le web est très développé.

Quel message donnerais-tu à des personnes qui ont besoin de se motiver pour la pratique ?

C’est assez paradoxal car on sait que le yoga, la méditation, la nutrition vont nous faire du bien et malgré tout on ne le fait pas en dépit de l’impact positif. Au départ, avant le yoga, je méditais, mais au fur et à mesure j’ai cessé. Alors que c’était bon et que j’étais bien mieux ! Donc j’ai fait un pacte avec moi-même, celui de pratiquer vingt minutes de méditation, peu importe les circonstances. J’ai eu besoin de m’imposer cela. Cela fait plus de huit ans que je médite tous les jours, je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où je n’ai pas pratiqué. Ce n’est plus une corvée mais un moment que j’aime. Mon conseil est de s’imposer la pratique et de trouver un prof inspirant. C’est vraiment important.

“Aujourd’hui, dans les studios à New-York, si tu ne veux pas être assisté, tu mets ton jeton devant ton tapis”

Pratiques-tu les ajustements ?

Ma règle est la suivante : si tu ne sais pas dire avec des mots ce que tu vas faire avec tes mains, ce sera ressenti par ton élève. Parfois il y a des personnes qui ne comprennent pas avec des instructions, alors on peut faire des ajustements, mais qui ne seront jamais forcés. Aujourd’hui, dans les studios à New-York, si tu ne veux pas être assisté, tu mets ton jeton devant ton tapis. Quoiqu’il arrive, il faut y mettre énormément de respect, car la sphère privée de l’élève demande beaucoup d’attention.

Pourquoi avoir lancé ta chaîne de vidéos ?

Je ne savais pas enseigner en français. Sur Internet, il y avait un vide de vidéos en français. Je me suis donc demandée pourquoi ne pas faire quelque chose de très précis sur une posture, en français, c’est ainsi que l’idée m’est venu.

Comment vois-tu le yoga aux Etats-Unis, à New-York ?

Cela dépend des studios, avant tout, dans l’esprit des gens, le yoga est une discipline physique, comme en France. Certains studios ne mettent pas l’accent sur la philosophie, comme le Bikram Yoga, le Hot Power, le vinyasa rapide …). Certaines écoles comme le Jivamukti mettent l’accent sur la philosophie. A chaque studio son enseignement.

Vous pouvez retrouver Céline Antoine sur sa chaine vimeo et dans la newsletter d’Esprit Yoga.

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