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Lifestyle & Spiritualité

Choisir le bonheur

Serions-nous la première société dans l’histoire à rendre les gens malheureux de ne pas être heureux ?

Par Ananda Ceballos

Le bonheur est une intuition ancienne et qui résonne dans une phrase de Voltaire : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé ! ». En effet, on ne peut pas dire en toute circonstance : « je choisis le bonheur » mais on peut choisir de contribuer à son avènement, choisir d’être des « facilitateurs » ou des « artisans » du bonheur. Comme l’affirme Matthieu Ricard : « Le bonheur est une manière d’être or les manières s’apprennent ».

Quand nous nous focalisons sur comment les choses « devraient » être, nous ne nous autorisons pas à être simplement avec la vie. Le bonheur commencerait donc par un travail personnel de dépouillement de ses peurs et autres pensées négatives. L’aptitude au bonheur serait un état de disponibilité pour dire « oui » à la réalité de choses telles qu’elles sont.

Le but final de l’existence, la libération, (moksha) est souvent décrit dans la tradition indienne comme un état béatifique. Abhinavagupta (10ème siècle), maître du shivaïsme du Cachemire, considère l’univers comme le déploiement joyeux de l’activité divine et comme dimension inhérente à la nature humaine. Malgré la diversité d’approches, une caractéristique importante de la réflexion indienne sur le bonheur réside dans la perception d’une béance, d’un désir d’absolu chez l’être humain par définition inextinguible. Les auteurs indiens ont chacun à leur façon affirmé l’inutilité de s’épuiser en voulant combler ce vide. Paradoxalement, la seule façon d’atteindre ce bonheur absolu serait d’accueillir cette béance et d’en faire un rayonnement capable d’illuminer l’esprit et l’instant présent en transformant radicalement notre esprit et donc notre perception des choses.

Une de voies pour permettre au bonheur d’éclore dans nos vies, c’est la pratique de yoga. On se dit souvent que le bonheur sera obtenu lorsque nous aurons résolu un certain nombre de problèmes, achevé un certain nombre de tâches ou lorsqu’un événement sera passé. Or, c’est plutôt le contraire: c’est lorsque nous sommes heureux que nous pouvons assumer et réaliser efficacement ces tâches.
Comme dit Lao Tseu, « il n’y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin ». De la même façon, on peut envisager la pratique de yoga comme une tâche de plus qui, à l’instar de celles de la vie, doit être « accomplie » ou bien concevoir chaque posture yoga comme un cheminement joyeux, comme le bonheur simple d’un rendez-vous quotidien et agréable avec son corps. Revenir au corps le cœur léger, comme on retourne régulièrement aux endroits que l’on aime. Célébrer davantage chaque geste, s’impliquer et savourer totalement et à chaque instant nos mouvements et notre respiration peut ainsi nous conduire à un état de plénitude et d’apaisement protecteur, réparateur, intégrateur. Le yoga nous apprend alors à passer du « faire » au « non-faire », à rentrer dans « l’être ». L’expérience qui découlerait de la réalisation de notre nature profonde, ineffable, infinie, immuable serait un état de paix et de liberté intérieure au plus profond de soi-même, indépendamment des aléas de l’existence, comme la profondeur de l’océan demeure calme lorsque les vagues s’agitent à la surface. Cet état de bonheur originel oublié est présent en nous tous et est prêt à fleurir, à condition qu’on lui en donne la possibilité.

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