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Comment trouver l’équilibre entre une juste indignation et une acceptation sereine ?

Accepter que tout n’est pas possible nous rend capables d’affronter avec plus de sérénité les vicissitudes de l’existence. Dans cet article, Ananda Ceballos nous emmène à la rencontre des philosophes stoïciens antiques, du dharma hindou, mais aussi, plus proche de nous, des thérapies cognitives et comportementales et des théories de la résilience. Avec en filigrane les questions de responsabilité et d’action, et cette interrogation fondamentale : comment trouver l’équilibre entre une juste indignation et une acceptation sereine ?

Le ciel et un cerf volant : symbole de la notion d'acceptation

La souffrance humaine, affirment les philosophes stoïciens, vient du fait que nous luttons inutilement pour changer ce qui ne peut pas l’être. Mais face à certaines situations, il nous est difficile de déterminer s’il faut acquiescer devant ce qui semble inévitable ou si le fait de consentir relève de l’inacceptable.

Voici un point central auquel fait allusion le philosophe et empereur romain Marc Aurèle quand il dit : « donne-moi le courage de supporter ce que je ne peux pas changer, la force de changer ce qui peut l’être et la sagesse de distinguer l’un de l’autre ». Il suit en cela son précepteur, Epictète, qui exhorte à bien faire la distinction entre ce qui dépend de nous (nos pensées, nos impulsions et nos aversions) et ce qui ne dépend pas de nous (l’argent, la réputation, tout ce sur quoi nous ne pouvons pas agir) afin d’arrêter de batailler inutilement contre ce qui dépasse notre périmètre d’action ou de responsabilité.

Le stoïcisme pourrait donc être considéré comme l’art de choisir l’acceptation plutôt que le combat. Il est frappant que, à travers les siècles, certaines recommandations stoïciennes nous touchent toujours, comme celle de surveiller nos opinions et de façonner nos représentations plutôt que d’essayer de modifier l’ordre du monde. Ces devises semblent en effet être universelles et atemporelles. Mais force est de constater que nous vivons dans des sociétés totalement différentes et que la vision moderne du monde n’est plus celle du cosmos stoïcien, ce tout parfaitement agencé de façon immuable par une raison providentielle (logos). Le domaine de ce qui dépend de nous s’est d’ailleurs considérablement élargi grâce aux progrès de la science et aux technologies modernes.

Nous vivons donc dans un monde sur lequel nous avons davantage de prise que celle des citoyens de l’empire romain sur le leur. Par ailleurs, s’il est parfois préférable de changer notre perception des choses et de cesser de lutter, la ténacité et la résistance aux épreuves fondent aussi notre humanité et font notre grandeur. La révolte et l’indignation nous permettent de mettre sur la table des problèmes qui autrement demeureraient invisibles, qu’il s’agisse du mouvement « Metoo » ou de la question climatique. Ne pas accepter peut permettre d’interroger ce qui semble appartenir à la normalité et empêcher ainsi qu’une situation injuste se perpétue indéfiniment.

Il n’y aurait donc pas une réelle opposition entre le fait d’accepter et la capacité d’agir. L’acceptation ne saurait être assimilée à la résignation, qui plonge celui qui la ressent dans l’inaction et la passivité. L’acceptation implique au contraire un choix actif de la part du sujet et constitue un véritable levier pour se reconnecter à la vie et à l’action. L’acceptation n’implique donc aucunement de renoncer à adhérer à un idéal humaniste ou de transformation social. Ce serait même une phase nécessaire dans toute forme d’engagement. Accepter requiert un acte courageux de lâcher-prise, fondé sur une profonde confiance dans la vie et constitue le combustible capable de transformer le consentement en action.

Dire « oui »

D’autres philosophes ont fait appel au stoïcisme. Ainsi Descartes, dans son Discours sur la méthode se dit décidé à limiter ses désirs aux choses qu’il est en son pouvoir d’acquérir et à « m’accoutumer à croire qu’il n’y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées ». Pour Nietzsche il ne s’agit pas seulement d’accepter, mais d’aimer tout ce qui advient, idée qu’il traduit dans la locution latine amor fati, l’amour du destin. Une nouvelle réappropriation des thèses stoïciennes a lieu à l’époque contemporaine avec les thérapies cognitives et comportamentales (TCC). Selon ce courant, toutes les émotions émanent de nos jugements, lesquels sont sous notre contrôle. Nous pouvons donc détenir un pouvoir sur nos émotions par le biais du contrôle de nos représentations et de nos croyances. Un nouveau modèle de psychothérapie développée depuis une vingtaine d’années, la « thérapie d’acceptation et d’engagement » (ACT) consiste à augmenter la capacité du patient à accepter les émotions et pensées désagréables au lieu de lutter en vain pour les faire disparaître.

Certains auteurs comme John Sellars, spécialiste de philosophie antique et créateur du programme Stoic Mindfulness and Resilience Training (SMRT), se sont saisis des idées stoïciennes sur l’acceptation et les ont mêlé avec les théories de la résilience ou encore avec la méditation. Les thèses du stoïcisme connaissent aussi un regain de popularité à travers du développement personnel, la pensée positive et certains types de méditation. Toutefois, de nombreux points de divergence demeurent entre l’école stoïcienne et les récupérations de ce type. Si la doctrine stoïque de l’acceptation et le discours du self-help proposent tous les deux un travail sur soi-même et sur nos croyances, les stoïciens pensent qu’il faut vivre en accord avec la nécessité parce qu’elle est plus forte que nous, alors que le self-help nous promet d’être nous plus forts que la nécessité.”

La suite de cet article est à lire dans Esprit yoga n°65, disponible dans notre boutique en ligne.

Couverture du Magazine Esprit Yoga n°65

Avec la précieuse contribution d’Ananda Ceballos

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