Le numéro de Mars-Avril est actuellement disponible !
Le numéro de janvier-février est actuellement disponible !

Actualités, Lifestyle & Spiritualité

Quand tout a commencé ?

En Inde, la question de l’origine de l’Univers est étroitement associée à la question de l’Être omniprésent qui va donner existence à la création. Le moment de l’origine, le moment précis à partir duquel tout prend vie est raconté dans plusieurs récits de la mythologie indienne, qui essayent de pénétrer, à travers les narrations, la mystérieuse cyclicité de l’Univers.

une femme lisant un livre

Le terme « mythe » vient d’un mot grec dérivant à son tour de la racine indo-européenne Mu : cette racine désigne tout ce qui est silencieux, qui ne parle pas. Le mythe est donc une solution, une « ruse » pour explorer, sous forme de narration, des questions et phénomènes complexes, qu’il sera impossible d’ « expliquer » rationnellement, en raison de leur part de mystère et d’ambiguïté. Si les mythes sont innombrables et très différents dans leur apparence narrative, le thème sous-jacent de nombreux récits est le même : le mythe des origines, la cause de l’être.

Le mythe des origines

En Inde, la question des origines a été soulevée déjà il y a plus de trois mille ans. Les mythes des origines, consignés dans un recueil de textes, les Veda, seront sans cesse repris et refaçonnés au cours des siècles. Tout au début, nous avons l’indistinction primordiale : ce qui permet de poser qu’il y a un événement, que nous appelons origine, qui trace la ligne de partage entre l’avant et l’après. C’est ce moment que souvent cherchent à capturer les mythes. À l’époque védique, on considère que la vie de l’univers est cyclique. Le soleil est considéré comme la source conjointe de l’espace et du temps. Son mouvement marque une dynamique temporelle, et sa lumière rend visible l’espace et donne une forme aux objets. On observant le mouvement du soleil, perpétuellement renouvelé, on prend conscience de la montée et de la descente de l’astre, de son mouvement cyclique, qui correspond à ce que l’homme peut observer dans sa propre vie : l’alternance de veille et le sommeil, d’inspiration et d’expiration, de mouvement et d’immobilité. Il y a donc une correspondance entre la cyclicité du monde externe à l’homme et celle qui lui est interne.

Le démembrement de Parusha

Le mythe le plus important est celui de Macrantropo, ou Hymne à Parusha. (Rig.Veda 10.90). Tous les sacrifices qui sont accomplis sur terre sont modelés à partir du sacrifice primordial, à savoir le démembrement du Parusha, l’être primordial, l’esprit divin. Dans son intention de créer l’Univers, de Un qu’il était, Parusha commence à se subdiviser. Chaque partie va engendrer un élément de la création. Parusha engendre même les divinités et leur demande de terminer l’oeuvre commencée, en continuant à le réduire en morceaux, en se sacrifiant pour que la création soit menée à son terme. Ainsi, selon le mythe, de ses poils naquirent les plantes, de sa vessie les eaux, de l’oeil gauche la Lune, de l’oeil droit le Soleil, de la tête la caste des brahmanes, des bras les guerriers, des jambes les marchands et des pieds les agriculteurs et les serfs. Pour engendrer l’Univers, Parusha s’autoimpose une sorte de vivisection, il est en même temps créateur et victime sacrificielle. Selon cette perspective, la manifestation est le fruit d’un sacrifice primordial dans lequel victime et bourreau sont une seule et même entité. Parusha est à la fois l’acteur, celui qui rend possible la création, et le matériau à partir duquel la création est possible. Comme si un potier fabriquait ses vases avec de l’argile extraite de son propre corps. L’hymne à Parusha est la matrice des cérémonies sacrificielles célébrées par les hommes. Chaque fois qu’un sacrifice est accompli, on ne fait que répliquer ici-bas  l’événement mythique qui a eu lieu là-haut. Dans les Veda, on rencontre souvent des formulations du type « ce qui fut réalisé là-haut
par les dieux, soit réalisé ici-bas par les hommes ». D’où l’importance des sacrifices dans le contexte de la spiritualité indienne et la place centrales des brahmanes, les seuls habilités à célébrer ces sacrifices.

Le serpent Vritra

Un autre mythe fondateur concerne le serpent Vritra, un dragon primordial qui, tel un piton, suffoque, puis avale toute chose. À l’origine, il n’existait que ce serpent-dragon, qui retenait prisonnier entre ses spires la création, qui restait pour ainsi dire en état de non manifestation. Pour que la création puisse se concrétiser, il fallait la libérer de l’étreinte de la bête. Dans le mythe, Vritra est éventré par Indra (puissant roi guerrier, divinité très importante dans le panthéon védique) pour qu’il laisse s’échapper ce qu’il retient dans son ventre : la création à partir des eaux,symbole de la vie.

La foudre d’Indra

Un troisième mythe apparaît dans le Rig.Veda 1.185. Avant le début de toute chose, la Terre et le Ciel étaient unis, comme les principes du masculin et du féminin, deux unités intimement attachées et interpénétrées. Afin que la vie ne commence, il était nécessaire de les séparer. Le Un devait être scindé pour pouvoir devenir deux, puis trois, puis quatre et enfin multitude. Et voici alors de nouveau Indra (dans les mythes, il n’y a pas un sens de l’avant et de l’après, il n’y a pas de perspective temporelle, tout se passe dans un présent atemporel). Indra, pour déclencher le commencement, décide de séparer cette unité, et il la fend en deux avec sa foudre. En se séparant en deux moitiés, l’une supérieure et l’autre inférieure, le Ciel et la Terre créent un espace intermédiaire. Dans cet espace se trouve leur fils, qui n’est autre qu’Indra lui-même. Donc ce qui était avant sera aussi après. Cette représentation mythique est une belle illustration de la complexité de la mythologie indienne associée aux mythes du commencement.
 
La suite de cet article est à lire dans Esprit Yoga n°67, disponible dans notre boutique en ligne.
 
Couverture magazine Esprit Yoga n°67
 

Par Monic Mastroianni et Gianni Pellegrini

Sur le même sujet

Rendez-vous dans notre boutique,Et abonnez vous !

Diapositive précédente
Diapositive suivante
Actualités
En kiosque
Newsletter
Votre abonnement n'a pas pu être enregistré. Veuillez réessayer.
Votre abonnement a réussi.
Suivez-nous