“Le yoga n’échappe pas au culte du corps” Marie Kock

Marie Kock remonte le temps, décrypte les tendances et zoome sur un business florissant. Dans son livre Yoga, Une histoire-monde, cette journaliste et professeure de yoga nous révèle les dessous du yoga sans jamais rien sacrifier de son aura.

Esprit Yoga : Vous ouvrez le livre avec ce constat : « D’une manière générale, on ne rit pas du yoga ».Voulez-vous dire qu’au royaume du lâcher-prise, on peut s’avérer susceptible ?

Marie Kock : Oui j’ai constaté un fort esprit de sérieux, particulièrement dans les studios branchés où l’on dit et fait parfois un peu n’importe quoi mais où la remise en question n’est le point fort. Je pense que ce manque de second degré provient d’un manque de discussions et de connaissances. En cours, il n’y a pas d’espace pour réfléchir. Je ne sous-entends évidemment pas qu’il faut se moquer du yoga. Je parle d’une digestion de la pratique, qui permet d’exercer son esprit critique. L’humour est la marque d’une prise de conscience.

Esprit Yoga: Vous passez en revue les aberrations du yoga sur les réseaux sociaux et notamment les faux failsDe quoi s’agit-il ?

Marie Kock :: C’est le prof qui va poster sur Instagram deux photos côte à côte : la posture réussie et la posture faussement ratée. L’idée est de dire que le yoga est un chemin difficile, une école de l’humilité mais c’est une fausse modestie qui passe par une mise en avant de soi. Le yoga n’échappe pas au culte du corps de notre époque très performative.

Esprit Yoga : Vous parlez des pratiquants qui veulent avoir mal. N’est-ce pas parce que nos quotidiens sur-encadrés nous anesthésient ?

Marie Kock : Je suis complètement d’accord. Je ne pense pas du tout que le yoga soit une discipline de bien-être. Je pense que c’est difficile et que c’est pour ça que les gens y vont. Ils ne vont pas au yoga pour se détendre mais pour se rappeler qu’ils peuvent éprouver des choses.  …

Avec la précieuse contribution de Lucile de la Reberdière