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Témoignage: Ouragan Irma, la transformation par le choc d’une yogini

Lorsqu’on évoque les crises climatiques, on  parle rarement de ce que vivent les rescapés sur le long terme. Leur témoignages révèlent l’opportunité de transformation des crises, aussi dangereuse qu’inégalée. C’est l’incroyable expérience vécue dans la nuit du 6 septembre 2017 sur l’Ile Saint Martin par Nadia Boukir, pratiquante de yoga, lors du déferlement de l’ouragan Irma et ses rafales à 360 km/h. Quand tout est dévasté, seul survit le souffle créateur.

Par Nadia Boukir

Témoignage de Nadia Boukir, 2 ans et demi après le passage de l’ouragan Irma

« Nous vivons une époque de grands changements et nous sommes nombreux à appeler ce changement mais combien sommes-nous à accepter ce qui va avec le changement ? Nous vivons aussi à une époque où on entend beaucoup parler de bien-être, de douceur, de bonheur inconditionnel, de nécessité de sourire et de toujours voir le bon côté des choses. La fameuse pensée positive… Il devient presque indécent de montrer l’ombre d’un trouble, d’émettre le doute comme si la libération (Moksha), devait arriver par le sourire et la négation de nos aspérités les plus obscures.

Il y a presque trois ans, j’ai vécu le passage du cyclone Irma sur l’île de Saint-Martin. Ce fut mon premier électrochoc.

Quand tout a commencé, j’avais entamé un voyage intérieur depuis quelques années. Nul doute que j’aurais fini par arriver au même point qu’à l’heure où j’écris, mais en combien de temps ? 10, 15, 20 ans ou dans une autre vie… Comme si la brave petite Twingo se transformait en Batmobile en un claquement de doigt, cet événement traumatique, ce choc, ce bouleversement hors norme a eu pour effet de propulser ma vie. Du jour au lendemain, l’îlefut balayée par des vents de plus de 300 km/h. Du jour au lendemain, tout fut ravagé, il nous fallut trouver de la nourriture, de l’essence,en plein chaos.

Autour de nous se déroulaient des scènes de pillages et de violence, les vraies informations ne nous parvenaient pas, les fausses fusaient… Heureusement, si l’humain est capable du pire, il est aussi capable du meilleur. Face aux pillages et à la violence, une solidarité exceptionnelle s’est mise en place entre nous.

J’ai senti passer ce bouleversement. Je l’ai senti autant dans mon corps que dans ma tête et dans mon cœur. J’ai traversé des moments extrêmement violents durant lesquels je me suis sentie comme écartelée, dans l’incapacité totale de savoir si j’allais sortir en vie et saine d’esprit de tout ça. Aujourd’hui, je sais que l’on ne vit que ce que l’on peut vivre. Tout n’est qu’une question de moment, de timing, d’espace. Le temps et l’espace… Se laisser du temps et faire de l’espace pour laisser à cette merveilleuse puissance qui sommeille en chacun d’entre nous, la possibilité d’émerger et de s’exprimer. De l’espace parce que toutes nos vieilles histoires, tous nos vieux schémas nous occupent bien trop, obstruent notre vision et nous empêche de sentir ce que nous sommes vraiment. Du temps parce qu’il en faut pour appréhender l’idée de notre propre grandeur, de notre divinité, de notre appartenance au grandTout. Je suis l’univers et l’univers est moi…  Il en faut du temps pour entendre cette phrase et la vivre à distance de la vanité yoguique. JE SUIS UNE YOGINI. Dans cette phrase tout est dit. Je suis sur la voie. Avec cet énorme sous entendu, « JE suis sur la bonne voie, je suis élue ». Alors, l’univers m’aime et me donne. Or l’univers ne donne ni ne prend, l’univers est et laisse à disposition. La clé est de tendre la main et de cueillir ses fruits, ils sont pour tous pourvu que le monde se donne la peine d’ouvrir les bras, d’offrir son cœur et son être tout entier à cette autre façon de vivre.

C’est dans un abandon de volonté d’obtenir, d’être ou de devenir que j’ai trouvé ma voie, c’est là que j’ai compris que l’univers ne donne ni ne prend, « il est » un point c’est tout. Et quand on le comprend, quand on cesse de vouloir devenir l’univers ou d’obtenir de lui, alors se produit la merveille, nous sommes déjà l’univers, tous. De celui qui s’est éveillé à celui qui ne s’éveillera pas dans cette vie, en passant par le sceptique invétéré, le menteur, le voleur… Nous sommes tous un bout, une poussière d’univers et à ce titre tous aussi important et non indispensable. La mission qui m’est proposé aujourd’hui pourrait très bien être accomplie par quelqu’un d’autre si finalement je faisais le choix de changer de route. Je ne suis pas élue, nous le sommes tous. Si je dis non, quelqu’un d’autre se verra proposer le job ! La vie trouve toujours le moyen de se frayer un chemin ! L’univers ne donne ni ne prend puisque tout est là. C’est notre obstination à vouloir mériter, gagner qui nous empêche de voir que tout est simplement offert…

Alors, que s’est-il passé exactement le 6 septembre 2017 ?

Cette nuit-là, nous avons vraiment cru, à un moment, que cela pouvait être la fin. Je n’oublierais jamais les bruits autour de nous, seuls indicateurs de ce qui s’envolait à l’extérieur. Les vitres et les miroirs qui volent en éclats, le bruit d’un mur qui s’effondre, le toit qui commence à claquer sur la charpente, les bruits des tôles arrachées comme de simples morceaux de papier, des cris… Et puis, une tension impressionnante et le mal de tête qui va avec. Les murs qui tremblent et la porte de la salle de bain, dernière barrière de protection qui commence à s’agiter… Cette nuit-là, il n’aurait pas fallu que ça dure plus longtemps. Et l’odeur…  Nous étions gênés par une odeur âpre, qui nous brulait les yeux et les narines. Après avoir cherché, nous avons réalisé que c’était notre odeur, notre sueur avait pris une tournure infecte. L’odeur de la peur, c’est ce que nous avons compris. Et c’est là que j’ai réalisé que nous étions piégés et que nous n’avions aucune prise sur rien, que ce qui devait arriver, arriverait. Peu importe que je veuille ou non mourir, que je l’accepte ou pas. Si ça devait arriver alors ça arriverait et le plus simple, finalement, était d’accepter. Oui, je sais et je ne peux pas dire comment faire. La mécanique n’est pas de l’ordre du mental, c’est ailleurs que ça se joue.

Je me suis mise à réciter ce mantra en moi :

« Ce qui doit être sera »

Jusqu’à m’en faire tourner la tête, une main enfoncée dans la caisse de transport de mon chat pour le rassurer et c’est arrivé. Je ne sais pas comment, ni pourquoi mais j’ai tout à coup baigné dans une sensation de plénitude, un moment de grâce durant lequel l’idée de mourir ne me dérangeait pas, j’acceptais. Durant les minutes ou heures qui ont suivi (il n’y a plus d’échelle de temps dans ces moments-là), je me sentais totalement apaisée et reconnaissante pour tout ce que j’avais vécu. Cette nuit-là, quelque chose a lâché en moi comme jamais. Il y a les moments où on se dit qu’on a lâché et on le veut vraiment, ce désir est sincère mais c’est justement là le problème. On désir encore, on veut, on souhaite… Et il y a le moment où ça arrive vraiment et ce moment-là ne peut être expliqué avec des mots. C’est pour cette raison qu’on trouve peu de récits sur ce sujet. Que dire de ce moment parfait avec notre pauvre langue humaine. Ce qui est sûr c’est que ceux qui l’ont vécu ont tendance à se reconnaitre. Je ne sais pas comment tout expliquer mais il me semble que c’est une question de vibration.

Le moment où on lâche tout

La clé de voute de la transformation c’est ce moment où on lâche tout.  C’est là que, l’espace d’un instant et guère plus parfois, on a tout accepté. Sans se raconter d’histoire. Tout accepter c’est accepter la fin, sa propre fin. Et c’est dans ce moment si particulier qu’on ne retrouve pas si aisément que se produit le petit miracle. Une sensation de plénitude, de béatitude si j’osais… Un moment qui m’a semblé durer des heures, des jours alors que je sais rationnellement qu’il n’a duré qu’un instant. Un moment durant lequel tout a changé. La sensation d’une puissance inexplicable non pas d’aimer ou d’être aimé mais de n’être qu’amour.

Et puis, le cours du temps reprend sa course effrénée. L’ouragan a fini de balayer la terre nous laissant épuisés et sous le choc du spectacle qui se jouait sous nos yeux. Nous vivions désormais dans un champ de ruines. Très vite, on se replonge dans notre incarnation, le corps physique nous rappelle assez rapidement à l’ordre ! Il faut aller voir comment vont les voisins, trouver des solutions pour évacuer l’eau de la maison, maintenir au sec tout ce qui peut l’être, s’assurer de retrouver les amis, participer à déblayer le quartier, aider ceux qui ne savent plus où ils sont, accompagner les copains constater qu’il ne reste plus rien de leur maison… Les jours se succèdent et d’autres peurs, dangers réels ou imaginés prennent place ainsi que  les nécessités du quotidien. On vit plusieurs jours ou semaines dans un environnement complètement bouleversé avec la menace d’autres ouragans (2017 fût un grand cru de ce point de vue) et la nécessité absolue de se protéger tant l’insécurité est importante. Je vous passe les détails les plus scabreux pour vous dire simplement que c’est dans ce genre de situation qu’on découvre le visage de l’humanité. Chacun d’entre nous se retrouve face à ses peurs et chacun les gère comme il peut et ce n’est pas toujours joli. Heureusement, ce qui s’est éveillé en moi cette nuit-là a commencé à s’activer sans même que je m’en aperçoive.

Toute force génère une force opposée de même intensité

Ce qui m’a aidé à tenir c’est sans nul doute ma pratique du yoga dans son sens le plus entier. Je n’ai pas pratiqué une seule asana (posture) durant toute cette période. J’ai observé, j’ai écouté mon corps et mon cœur, j’ai accepté de pleurer encore et encore, j’ai hurlé de douleur, j’ai craché des horreurs aux gens que j’aimais pour ensuite leur dire à quel point je les aime et combien leur présence adoucie les épreuves de la vie… Pendant cette période je n’ai pas lutté longtemps. J’ai lutté, au début pour essayer de me caler sur le désir général de retrouver la vie d’avant, entre autre. Et puis, tout lâché de nouveau. Laisser s’exprimer tout ce qui émergeait de moi était devenu vital. Forcement, ça a été très  difficile sur le plan relationnel et je me suis excusée, au moins, dix fois par jour !

Ma réaction était tout simplement à la hauteur du choc… Il m’a fallut un moment pour sortir de la réaction, pour m’apaiser et simplement dire la douleur et la colère qui s’exprimaient  en moi. Tout m’indignait et notamment certaines laideurs de la nature humaine. Et puis, mon esprit est venu au secours de mon âme. Je crois que c’est là que ma tête s’est mise, pour la première fois, au service de mon cœur. Mon nouveau mantra, « toute force génère une force opposée de même intensité ». Ce n’est pas de moi, c’est Newton qui a mis en évidence cette grande loi de la physique. Quand je voyais ou entendait quelque chose de choquant, je me représentais quelqu’un offrant au monde un acte de force identique et opposée, une balance énergétique. Le fait de ne pas assister à la scène n’avait pas d’importance puisque je savais qu’elle avait lieu quelque part. C’est devenu un de mes Leitmotiv, un de ceux que j’essaye de transmettre. Evidemment, ce n’était pas tous les jours évident de se tenir à ce mantra et j’ai du trouver d’autres outils.

La concentration, Dharan pour apaiser mon mental

Très rapidement, j’ai éprouvé le besoin de me lever plus tôt que les autres et de m’isoler pour me concentrer, pour respirer et sentir la vibration qui planait sur nous avant que le monde ne s’éveille et que les peurs ne se mettent à hurler partout autour de moi et en moi. J’éprouvais une extraordinaire difficulté à maitriser mes émotions et les émotions que mon entourage me jetait à la figure était quasi impossible à supporter,  ils n’avaient pas plus de facilité que moi et il me semblait impératif d’essayer de trouver la force de supporter, de ne pas trop déborder, de les entendre eux, derrière les réactions de protection…Alors, tous les matins, je sortais du magasin où nous dormions tous ensemble, par terre, pour m’offrir au moins une heure de silence et de concentration. Dharana. Le point de départ pour moi d’une pratique devenue quotidienne et essentielle à mon existence. Je me concentre sur mon souffle, son flot, j’observe sans juger sa fluidité du jour ou, au contraire son rythme saccadé ou trop rapide. Je l’apaise petit à petit sans même le demander, simplement en m’arrêtant sur lui. Sans m’en apercevoir, je suis en moi, posée dans le silence apaisant du vide et c’est là que j’arrive à prendre quelques instants de recul pour continuer à accepter ce qui doit l’être et, parfois, percevoir une voie, celle qui s’offre à moi ou faire tomber un voile… Parfois Dharana me mène à Dhyâna, je touche cet état du bout de mon doigt. Je n’ose imaginer la puissance d’un quotidien tout entier dans cet état tant le simple effleurement me donne la sensation d’accéder à un amour et un savoir infini !

Le retour au « réel » 

Après deux semaines de cette vie digne d’un film catastrophe, nous avons dû quitter l’île de Saint-Martin pour nous réfugier, un temps en Guadeloupe. Nous ne pouvions pas réintégrer notre maison en l’état et le magasin où nous dormions devait être nettoyé, remis en ordre  car il s’agissait d’une activité très utile en ces temps de crise. Nous devions partir et nous avons retardé au maximum ce départ pour qu’on nous permette de partir avec nos animaux. Une fois posée en Guadeloupe et après avoir mis en place un semblant de quotidien, il était difficile de faire semblant. Je voyais tout ces gens repartir comme des furies pour rattraper le temps, reconstruire, retrouver la vie d’avant. J’étais planté là, incapable de reprendre le cours «  normal »  de ma vie, incapable d’expliquer ce que je voulais et ce qui m’arrivait mais certaine que je ne voulais plus de cette fuite permanente. Je ne pouvais plus faire comme si ma vie me satisfaisait, comme si le fonctionnement « normal » était normal. Qu’y-a-t-il de plus étrange et absurde que de se lever tous les matins pour faire un métier qui m’épuise, me rend nerveuse, me fait oublier un peu plus chaque jour que j’aime la vie, me fait souhaiter avec impatience l’arrivée de la retraite et qui m’oblige à remettre toujours à plus tard les moments partagés avec mes proches ? Tout ça pour quoi ? Un peu plus d’aisance financière ou la reconnaissance de la société. Toutes ces considérations tournaient en boucle dans mon esprit et cette vie là me semblait de plus en plus absurde. J’ai éprouvé la nécessité de ralentir encore plus pour apaiser la colère. Après Irma, j’ai vécu des vagues de nettoyage intérieur à un rythme effréné et je vomissaislittéralement tout ce qui stagnait en moi, il fallait faire de la place pour ce qui arrivait. Finalement ce choc c’est ce que je défini avec humour comme l’effet Orangina.

 

Secouer comme pour décoller les adhérences

Je n’étais pas prête à voir et à sentir seule. Je pensais le vouloir et j’étais très assidue dans ma pratique mais je n’allais pas trop fouiller dans les recoins. Alors, la vie m’a donné un coup de pouce. Vous vous souvenez de la vieille publicité Orangina ? « Il faut bien secouer sinon la pulpe, elle reste en bas ! » Et bien c’est exactement la sensation que j’ai eu. Visualisez cette bouteille d’Orangina qu’on secoue… Et maintenant au lieu de cette bouteille, imaginez vous entre la main de l’univers secoué pour faire remonter la pulpe et à l’ouverture, ce gaz qui d’échappe…

L’image peut paraître incongru dans un contexte comme celui-ci, un article sérieux, un sujet sérieux mais je vous assure qu’une image vaut mieux que milles mots parce qu’en réalité il n’est pas de mot humain qui puisse réellement décrire ce que l’on vit. On essaie et on en trouve malgré tout mais qui l’a déjà vécu sait qu’on ne peut pas rendre avec la langue humaine cette puissance, la  violence du choc et en même temps toute la force de cette amour extraordinaire qui monte en soi. Tout à coup,  ces aspérités, ces parts de nous même qu’on pensait bien enfouies ou qu’on ne connaissait même pas remontent pour nous harceler jusqu’à ce qu’on écoute et qu’on entende. Je me suis alors retrouvée face à moi-même tout en étant obligée de faire face au quotidien difficile de la reconstruction. Je n’arrivais plus à me mentir et quand je mettais de côté un sujet difficile qui remontait, je n’en dormais plus pendant des jours. C’était comme si, en moi, tout flottait. Je ne pouvais plus faire semblant de ne pas voir ce que je cachais jusque là sous le joli tapis de mon inconscient. On m’avait secoué comme une bonne vieille bouteille d’Orangina et tout flottait à vu ! C’est là que je me suis plongée dans l’étape d’après. Un a un, j’ai attrapé les sujets à bras le corps et j’ai traité non sans essayer, par moment, de négocier un entre-deux ! Je me suis mise à l’écoute et j’ai essayé de neplus me laisser embrumer par le monde qui m’entourait. Je voulais entendre ma voix.

Ma vie après l’ouragan Irma

Le changement arrive rarement en douceur. Nous autres humains sommes ainsi faits que nous ne remettons rien en cause si tout semble à peu près aller. Alors la nature, l’univers ou les dieux ont trouvé le moyen extrême de nous pousser à la remise en question. Ou plutôt nous font la grâce de nous laisser une chance de voir l’étendu des possibles…  Si l’on s’arrête un instant sur l’histoire de l’humanité, on note que toutes les grandes avancées humaines ont été précédées de chocs violents et inédits de mémoire d’homme. Sans ces chocs nous évoluons, bien sûr mais à pas de fourmi. L’électrochoc collectif a pour particularité d’éveiller une grande masse de conscience dans un laps de temps court. C’est ce que l’on pourraitappeler une poussée de conscience, un peu à la manière d’une poussée de croissance mais au lieu de croissance physique, nous nous élevons vers une vibration plus subtile.

Je suis désormais en pleine construction d’une vie qui me convienne, à moi. Il est évident que tout le monde ne me comprend pas et j’ai eu des moments de retours en arrière, de peur. Finalement, j’ai lâché définitivement la vie que j’avais étape par étape pour me consacrer aujourd’hui aux activités et à l’existence qui me fait vibrer. Etrangement, ou pas depuis que je vis selon mon intuition qui n’est autre que l’expression de ma voix intérieure, les choses s’enchaînent naturellement. Je sais désormais qu’une situation qui bloque détient un sens. Soit je me trompe de voie, soit il faut laisser le temps. Dans tous les cas, je ralenti et je laisse venir me concentrant simplement sur d’autres aspects. Il est certain que ce mode de vie puisse paraitre frustrant. Mais la frustration n’est au rendez-vous que si on continue à s’accrocher, à vouloir, à convoiter tel ou tel autre mode de vie, réussite, visibilité, rang social… Je suis, aujourd’hui, dans un temps de ma vie où j’accepte simplement les propositions qui me sont faites avec la certitude que c’est sur cette voie que je vivrais heureuse et là est la clé. Dès que j’ai arrêté de conditionner mon bonheur à des possessions, des situations, des états, des relations, j’ai réalisé que j’étais heureuse tout le temps même à travers les moments difficiles et la douleur. Evidemment, je traverse tout ces moments et j’en suis troublées et bouleversée mais je sais que je ne suis pas ces troubles.  Je réussi, le plus souvent à m’extraire de cette confusion létale et je sais que je suis un être merveilleux et entier. Un être à la recherche de son équilibre, qui n’a pas encore tout perçu et qui se construira jusqu’à la fin mais un être entier et merveilleux.Je ne peux plus vivre loin de la nature et de ses mouvements, elle me nourrit chaque jour et me permet de sentir combien mes racines sont solides et puissantes. Cette connexion, cet ancrage à  la nature me permet de puiser toute l’énergie vitale dont j’ai besoin et de rester à distance de cette vie hors sol que j’avais construite auparavant. Je n’ai plus besoin de la perfusion permanente d’un monde qui court toujours plus vite et plus loin pour oublier mon propre vide intérieur. Je vis comblée même les jours où je ne sais pas comment payer les factures, même quand j’ai peur et que je ne sais pas. La vie, elle, sait et je m’en remets tout entière à elle.

Quelques conseils pratiques pour vivre sa transformation plus sereinement, s’assurer de bien déployer ses ailes et ne pas se perdre en route.

Si cette période de bouleversement mondial vous a secoué au point que vous remettiez en question votre existence, alors vous viviez une poussée énergétique. Votre taux vibratoire s’élève et certains voiles se lèvent vous permettant d’y voir plus clair mais transformant aussi votre vision du monde. Il est peut-être difficile pour vous de repartir dans le mouvement effréné de la société, vous vous sentez peut-être en décalage, envie de partir, vous avez apprécié ce qui a émergé pendant ce confinement et reprendre comme avant vous épuise, vous heurte…  Ca parait difficile mais, en réalité, c’est un cadeau !

Voici quelques conseils pratiques pour adoucir, un peu ce que vous traversez. Cela ne changera rien au profond bouleversement que vous viviez mais ils vous aideront à tenir le cap pour passer cette période d’éclosion.

Ne prenez aucune décision maintenant. Vous êtes en plein bouleversement et même si vous y voyez plus clair, vous êtes loin de percevoir toutes les nuances ! Gardez en tête que vous vivez dans un corps physique et dans une société qui ont des exigences bien matérielles. Il faut vous assurer de maintenir un quotidien pour pouvoir avoir la tranquillité d’esprit de vivre votre expérience d’éveil. En temps voulu, les modifications couleront de source. Ne vous bousculez pas trop, cette phase vous fragilise avant de vous rendre plus fort.

Vous êtes votre propre guru. Les théoriciens du complot, les apocalyptiques et autres prédicateurs dont le discours est basé sur la peur, fuyez les ! Point de repère de base. Un bon guide que ce soit un prof de yoga ou de boxe ou un prof de math ou un acupuncteur ne va jamais, mais jamais, vous asséner de grandes vérités, vous vendre sa vérité parce que lui a tout compris ou a reçu la visite des dieux. Il est humble, a un petit pas d’avance sur vous et vous aide non pas à devenir comme lui mais à vous trouver vous, à devenir votre propre guru. Le rêve absolu de tout maître qui se respecte c’est de voir son padawan s’en aller et même le dépasser. Parce que s’il rempli bien sa mission, le padawan aura gagné beaucoup de temps grâce à son enseignement et propulsé son envol !

Coupez-vous des voix extérieures même si elles sont bienveillantes. Pas tout le temps et pas en quittant les gens que vous aimez mais plutôt en pratiquant un petit peu plus le retrait des sens. La bienveillance ne signifie pas que votre entourage ait raison. Vous êtes la seule personne à pouvoir entendre la voix de votre être et trouver votre voix. Et même si ça paraît dingue ! Pour cela, je vous propose la pratique de pratyahara. Il existe plusieurs techniques pour vous aider à démarrer. N’hésitez pas à demander conseil. Ma pratique préférée et très accessible, la concentration sur le souffle en pratiquant des respirations yoguiques. De là, vous toucherez Dharana et pourquoi pas Dhyana. Apaisement garanti et vous éviterez de vous embourber dans de fausses histoires. Attention à la vanité yoguique !

Mangez bien et accepter les folies que votre corps appelle. Dans cette période particulièrement bouleversante pour votre premier et votre deuxième chakra, il se peut que votre corps appelle une alimentation que vous n’êtes pas habitué à consommer. Peut-être même quelques excès incontrôlables. Restez à l’écoute pour pouvoir le nourrir de ce dont il a besoin et limiter les excès. Ne vous culpabilisez pas si vous craquez sur la version familiale du paquet de chips, ce n’est pas idéal mais ce n’est pas grave. Plutôt que de culpabiliser, observez-vous et voyez si vous pouvez identifier les situations qui déclenchent ces fringales. Une fois que la source est identifiée, le problème est presque résolu. En tout cas, sur le plan énergétique, il l’est. Le reste consiste à laisser du temps à votre corps pour imprimer la nouvelle donne. Pour l’alimentation saine, misez sur des produits de saisons, cultivés le plus proche possible de chez vous. On oublie les oranges en été et les tomates en hiver. Pensez aux légumes racines qui seront une aide précieuse pour votre ancrage, malmené en ce moment. Essayez de limiter votre consommation de protéines animales et si vous lorgnez sur un régime végétarien ou vegan, faites-vous accompagner pour vous équilibrer au mieux.

Dormez dès que vous le pouvez sans culpabilité et accepter de vivre les phases sans sommeil.
Dans ces phases d’élévation on peut avoir un sommeil perturbé et alterner les phases où l’on dort sans arrêt et sans problème, au point, parfois de se demander si on n’a pas une carence quelconque. D’ailleurs, si vous avez des doutes, n’hésitez pas à consulter un médecin pour un check up complet. Cela vous permettra de lever les doutes et de faire la part des choses entre votre travail intérieur et une possible pathologie. En face, des périodes où on ne ferme plus du tout l’œil ou à peine. Ces moments sont particulièrement difficiles physiquement et il est primordial de soigner votre alimentation, votre respiration ainsi que ce que vous consommez en termes de nourriture intellectuelle et spirituelle. On évite les films d’horreur, les émissions morbides, le JT 3 fois pas jour… Privilégiez ce qui nourrit votre sentiment d’amour, de compassion, d’ouverture sur le monde… Et même votre sens de l’humour ! Une bonne vieille comédie parce que le rire est un outil merveilleux de l’éveil ! Et puis, essayez quand c’est possible de ne pas utiliser de réveil. Allez dormir quand votre corps appelle le sommeil et laissez-le se réveiller quand il est prêt pour une nouvelle journée. Le week-end, par exemple ?

Si vous n’avez pas beaucoup de temps pour la pratique physique. Privilégiez le pranayama qui sera d’un précieux secours aussi bien physique que mental et émotionnel. Vous allez connaitre des bouleversements émotionnels qui vont se répercuter sur votre système endocrinien et par voie de conséquence sur votre façon d’appréhender votre environnement. Le souffle est votre première nourriture. Si vous doutez encore, posez-vous simplement la question en ces termes. Combien de temps faut-il pour mourir quand on arrête de manger ? Combien de temps quand on arrête de boire ? Et combien de temps quand on arrête de respirer ? Prenez soin de votre souffle. Vous trouverez partout des tutoriels très bien fait vous permettant de pratiquer les respirations de bases et nourrir ainsi votre être tout entier et équilibrer vos émotions.

Renouer avec votre ancestralité ! Dis comme ça c’est drôle ! Nature ! Nature ! Nature ! Quand on entre dans ce genre de travail sur soi, les chakras spirituels vont commencer à travailler. Si on ne vous l’a encore jamais dis alors ouvrez bien vos yeux et lisez ce passage plusieurs fois ! Quand on commence à entrer en contact avec le chakra de cœur et les chakras supérieurs, il faut penser à revenir quotidiennement dans son ancrage au risque de s’envoler ! Balade dans la nature, bain dans des eaux naturelles (mer, rivières…), manger des légumes frais et beaucoup de racines…. N’hésitez pas à garer la voiture un peu plus loin que d’habitude ou descendre deux stations avant votre arrêt. Allez au travail en vélo ou à pied en flânant ici et là. Si vous avez accès rapidement à la nature, offrez vous des temps privilégiés en forêt, à la plage, en montagne, à la campagne… Marchez pieds nus et portez des matières naturelles et végétales. Si vous avez du temps pour quelques postures de temps en temps, pratiquez des postures qui engagent votre bassin et vos hanches. Allez au plus simple, ne cherchez pas la performance. La pince, la guirlande, l’arbre, le papillon… Et puis, dansez, pourquoi pas ! Si vous êtes en couple, nouez des contacts doux et tendre avec votre moitié. Mettez-vous à l’écoute de son corps et du vôtre. Une sexualité saine et épanouie est un excellent moyen d’allier l’utile à l’agréable !

N’essayez pas de convaincre les autres que ce que vous vivez est La voie ! Si vous le vivez et pas votre voisin, il y a une bonne raison et ce n’est pas à vous de bousculer l’éveil d’un autre. D’abord, si elle n’est pas prête cette personne n’entendra que votre folie, votre insistance. Au final, agacement et brouille sont au rendez-vous. Gardez en tête cette belle citation de Gandhi “sois le changement que tu veux voir en ce monde”. Il n’a pas dit change le monde et les autres. En incarnant ce merveilleux changement dont vous commencez à sentir l’absolue nécessité vous montrez à votre entourage que c’est possible, qu’une autre voie est envisageable et vous donnez l’autorisation. Vous avez déjà vu ce phénomène humain génial ? Quand tout le monde regarde les plats posés sur la table et que tout le monde attend que quelqu’un d’autre se lance ! Dès que l’un des convives y va, les autres suivent un par un. Soyez cet illuminé bienveillant et humble qui se contente de faire ce qu’il a à faire ! Vous serez beaucoup plus efficace pour le monde qu’en jouant les prédicateurs.

 

Enfin, acceptez que cela prenne du temps. Ce n’est pas parce que vous sentez le changement monter en vous que vous aurez tout réglé le mois prochain. Acceptez le temps, acceptez le rythme que prend votre transformation, acceptez ce que la vie vous offre avec gratitude et non en enfant gâté et trop pressé. Ne regardez pas comment cela se passe pour le voisin, vous n’êtes pas le voisin et vous n’avez aucune idée de ce qu’il vit en réalité. Chacun emprunte un chemin unique, dessiné pour lui. Vous ne pouvez donc pas faire comme… En revanche, inspirez-vous du courage, de la compassion, de la bonté que montrent les êtres qui vous entourent. Admirez-les, ne les enviez pas.  Si votre rythme est celui-ci, c’est qu’il y a une raison et vous la comprendrez en temps voulu. En attendant, savourez le chemin de la jolie fleur laissée pour vous sur le bord de la route au petit caillou qui vous blesse le pied quand vous marchez. Tout a sa raison d’être et tout sert votre éveil.

En bonus. N’hésitez pas à vous faire accompagner. Professeur de yoga, praticien ayurvédique, médecine chinoise, chaman, reiki… Voyez ce qui vous parle, prenez le temps de discuter avec le praticien et de sentir si c’est la personne avec laquelle vous voulez tenter un soin énergétique ou un accompagnement et lancez-vous. Vous allez vivre des choses fortes et vous avez le droit d’être accompagné, de demander du soutien. D’autres sont passés par là avant vous et trouveront comment vous aider.  Et n’oubliez jamais de dire merci chaque jour pour cette expérience de vie merveilleuse ! Vous verrez ça aide à surmonter les moments de turbulences.

Pour en savoir plus sur Nadia Boukir : www.thenextmonkey.com

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